[Warning] Je vais tenter de raconter pourquoi j’aime cette série sans trop spoiler mais il est possible que vous préfériez ne rien savoir et découvrir l’histoire au fil des épisodes. Si c’est le cas, regardez juste le trailer ci-dessous et revenez lire l’article quand vous aurez vu la saison 1 (voire même la 2). Pour ceux qui veulent partager leur amour pour Empire ou découvrir la série au travers de ces lignes, bienvenu dans l’univers de la série Empire, la mythologie des temps modernes sur fond de hip hop.
https://www.youtube.com/watch?v=dBzu_jKLJek
La fiction télévisée nous plonge dans une représentation hyperréaliste d’un immense label de musique américain ; on pense forcément aux légendaires Bad Boy Records ou Death Row. Les multiples anecdotes et personnages montrent que les scénaristes ont beaucoup puisé dans la véritable histoire des grands labels et producteurs US de ces dernières décennies. Pitchfork a d’ailleurs sorti une liste détaillée des références que l’on croise au travers des différents épisodes.
Ensuite, l’excellent casting met en lumière toute la famille Lyon, avec leurs histoires tordues et donc délicieuses à suivre. Deux personnages s’imposent par leur interprétation : Cookie, interprétée par Taraji P Henson (que l’on avait pu voir entre autre sur Person of interest) et le génial Lucious Lyon, joué par Terence Howard, le fameux acteur dont on ne connait pas le nom mais qui joue toujours des pourris. On a clairement à faire à Zeus, trônant sur l’Olympe du hip hop et sa muse et donc nid à problèmes. Premier épisode : on apprend que Lucious a une maladie incurable et doit assurer la relève de son empire en le léguant à un de ses 3 fils et que Cookie sort de 17 ans de prison (pour avoir couvert Lucious). La machine infernale peut démarrer avec un bon cocktail explosif de dramaturgie. En plus du scénario, le jeu des deux acteurs contribue beaucoup au succès de la série.
Les liens et différences qui lient les 3 fils de Lucious et Cookie sont également une autre superbe facette de la série. On a l’ainé, Andre, qui a fait une prestigieuse école, costume – cravatte, plus doué avec les chiffres que les vocalises et à qui l’on renvoie souvent son absence de talent artistique. Ensuite, le deuxième, Jamal, le petit génie au talent bouillonnant, homo que son père a toujours rejeté pour cela et qui va apprendre à s’affirmer et à se battre pour ses idées et opinions. On pense forcément au destin de Frank Ocean avec sa lettre avouant un précédent amour avec un homme. Le petit dernier, Hakeem en mini Jay-Z, thug des bacs à sable né avec une cuillère en argent dans la bouche, cherchant sans cesse la crédibilité de la rue. Les rivalités et la fraternité qui lient les 3 protagonistes est super attachante.
Bien entendu, l’esprit de Lucious plane toujours sur ses enfants et pour filer la métaphore de la mythologie grecque, on pense même à Cronos, le roi des Titans cherchant à manger ses enfants car on voit bien que Lucious n’accepte pas qu’un autre Lyon puisse surpasser le père. Je pense qu’un expert de la mythologie pourrait déceler un bon nombre de références : avis aux amateurs !
Après, qui dit série musicale, dit bande-son de qualité ? Oui car les auteurs ont laissé carte blanche à Timbaland pour se charger de cette partie en tant qu’ « executive producer ». Timbo a bien rempli son job car les chansons originales sont toutes excellentes et papillonnent dans vers tous les univers de la black music US : soul, rap boom bap, trap, soul, R&B piano voix, girls band comme dans les 90s. La liste d’invités 5 étoiles, interprétant leur propre rôle ou un personnage inventé, ressemble à un tapis rouge des Grammys : Estelle, Courtney Love, Mary J Blige, Naomi Campbell (avec un perso clé de mante religieuse), Jennifer Hudson, Snoop, Patti Labelle, Juicy J, Anthony Hamilton, Alicia Keys, Chris Rock … et j’en oublie forcément. Cela dénote aussi l’engagement des producteurs de la série à dépeindre le plus justement possible, le réel univers derrière la musique rap US.
Je vous laisse, la deuxième partie de la saison 2 (épisode 11), sorti il y a deux jours, m’attend !