A 70 ans, Christophe continue de surprendre avec un album furieusement moderne. « Les Vestiges du chaos » est fidèle à l’univers de l’artiste, empreint de romantisme et de poésie. Le premier extrait de l’opus, « Dangereuse », avait donné le ton. Je vous en avais déjà parlé et il a depuis été transformé en clip ; on voit Christophe susurrer à l’oreille de la belle Sara Forestier. Ce sera définitivement un de mes morceaux phare de l’année.
« Je vous propose
D’ouvrir des choses
Des choses avec moi
Sur de nouvelles voies
Définitivement comme je m’ennuie
Définitivement je suis vivant. »
Les phrases d’introduction du premier morceau de l’album, « Définitivement », annoncent la couleur : l’auditeur est invité à entrer le monde de Christophe et à venir explorer de nouvelles « voies » avec lui. On entend de l’électronique dans cet l’album car il a fait appel à son compère Jean-Michel Jarre (comme à l’époque des « Mots bleus ») et même du R&B comme si le romantisme des années 70 de Christophe trouvait une filiation naturelle dans le R&B autotuné de Drake et consorts des années 2010.
Cela se ressent fortement sur le refrain d’ « Océan d’amour » ou de titres comme « Mes nuits blanches ». Ce dernier titre avec le duo trashos Orties se marie bien à l’univers sensuel et poisseux du septuagénaire. On ne sait pas toujours si on flirte avec le mauvais goût un brin kitsch ou l’expérimentation réussie. Il se passe quelque chose en tous cas sur ce morceau, une belle émotion, comme dans du beau bizarre.
Les titres du lover romantico-kitsch s’enchaînent : sa « Stella Botox » a tout d’une « Lola Rastaquouère » contemporaine, « Les mots doux » apparaissent comme un clin d’oeil électronique et savoureux aux « Mots bleus ». On croise Anna Mouglalis pour laisser sa fameuse voix grave envoûter « E justo ». Le « wanderlust » du refrain d’ « Ange sale » résonne avec le titre du même nom de The Weeknd. On ressent donc plein d’influences qui confirment que Christophe est un artiste pop à part et avait déjà un coup d’avance sur la chanson française et des courants musicaux qui ont émergé entre 1970 et 2010.
Pour continuer la magie de cet album, je vous invite à lire l’entrevue fleuve de Christophe dans Libération pour la sortie du disque. L’artiste cite Black Atlass et Trent Reznor, commente ses virées au Baron, s’évade et divague mais nous transmet une fougue toujours bien étincelante.
2 Comments