Casey – Retour sur la libération de la bête
Chronique rédigée par Boooooooooosss qui revient sur un des meilleurs albums rap français de 2010.
Casey lâche les chiens: de l’importance de la maitrise de la langue française et de la musicalité dans le rap du XXIeme siècle.
Piqûre de rappel: Casey > Le reste.
Le premier effort longue distance de Casey a remis tout le monde à plat. Tous descendus d’un étage. Les amputés de la punchline qui trustent la nocturne de Skyrock. Tous, ils ont dosé le Pomme+C/Pomme+V à la sortie de l’album, maître étalon du rap de France. La trajectoire tragique n’a laissé personne indifférent.
Alors, après ce jalon, que peut-on espérer comme suite à la tragédie d’une trajectoire ? La réponse est simple: qu’on libère la bête.
On a tout dit sur Casey, tout qualifié, tout adjectivé et sans faire dans le suspens, tout est vrai, et cet album sert à nous le prouver. Par ses rimes assassines, l’acrobate du tempo semble progresser de morceaux en morceaux. Après l’escale « Zone libre », la blanc meniloise parait encore plus sombre, plus lucide, et ses textes s’en ressentent.
Après une entrée en matière discrète, la piste deux annonce la couleur : cet opus est celui d’une esthète. Tout est léché, les prods et les textes. « Regard glacé » est un jeu sur les mots, en 4 min la MC fait la démonstration de sa technicité. Puis le silence se fait et on monte d’un cran. Beat lourd et entrainant, c’est à la « créature ratée » de faire son entrée. A la manière de Denzel dans Malcolm X, Zeyc fait l’inventaire des clichés coloniaux, opposés à la lumière du colonisateur.
Et l’album enchaine les sons puissants jusqu’au point d’orgue des pistes 8 et 9. « Apprend à t’taire » est un concentré de punchlines contre une certaine chanson française, sans traiter ni la mère ni les affaires. Morceau léger sur le fond mais sublimé par la maestria de la maestro.
Puis s’en suit un excellent featuring du « Most slept on MC » de France: Al (Hitek et primitif). « Aux ordres du maître » est pour moi le morceau de 2010, track sur laquelle le duo démonte le mythe du Scarface typique à la Rohff et Lunatic.
En conclusion, un des meilleurs albums de rap de l’année 2010 qui est passé quasiment inaperçu!
Aaaaaacheèe ! Ecoute !