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Soyons simple : le nouvel album d’Hocus Pocus, « 16 pièces », sorti hier, défonce et assoit le groupe dans un trône confortable de locomotive du rap français.  Je vois déjà arriver tous les haters pour tailler le crew trop lisse aux yeux des puristes. OK, 20Syl n’a pas les textes d’un Fuzati ou d’un Rocé mais l’énergie communicative du groupe a su en convaincre plus d’un. J’ai moi-même craint le retour des nantais sur le devant de la scène avec un album trop consensuel qui plaira à tout le monde et dans lequel je ne me retrouverai plus (oui, le sempiternel credo français pour rejeter les groupes qui réussissent commercialement). A ma grande surprise, je ne ressens rien de tout ça car au bout de 5, 6 écoutes de l’album, je constate que HP a bien fait son travail.

Mon appréciation de l’album se situe dans un savant mélange d’objectivité et de subjectivité. Pour l’objectivité, il sera difficile de venir critiquer les productions de l’album. « 73 Touches » et « Place 54 » montraient déjà un talentueux don pour la création d’un hip hop gorgé de soul et de funk ; « 16 pièces » est encore un niveau dessus. Hocus Pocus a également su s’entourer de pointures de la soul et du rap qui se fondent parfaitement dans l’esprit du groupe. Alice Russell impose sa voix chaude reconnaissable entre mille sur l’introduction « Beautiful losers »; les vétérans du rap français, Akhenaton et Oxmo Puccino assurent respectivement sur « A mi-chemin » et « Equilibre »; les anciens membres de Procussions, Stro the 89th Key et Mr J. Medeiros, étalent leur complicité avec Hocus Pocus sur le bon « Signes du temps » … et j’en passe sur les bonnes prestations de Ben l’Oncle Soul et les interludes des compères de 20Syl dans C2C (Greem, Pfel et Atom).

Pour la subjectivité, ça me fait quand même quelque chose de voir réussir un pur produit de ma région. Venant de Loire-Atlantique, j’ai découvert pour la première fois Hocus Pocus en 2003 lors de la première édition du festival Couvre-Feu à Corsept. Ils ouvraient la soirée avec un show dans la pure tradition de ceux qu’ils réalisent depuis des années ; généreux, convivial et musicalement pointu. Tu ramasses ta dose de funk, ton soupçon de soul et tes kicks de hip hop. Pour les avoir vus 3, 4 fois depuis, les nantais ont su étoffer leurs prestations au fil du temps et plaire au plus grand nombre (dans le bon sens du terme en les amenant dans leur univers). En plus de leur prestance scénique indéniable, Hocus Pocus ne cesse d’honorer mes références fétiches du rap (A Tribe Called Quest, The Roots, J Dilla, De La Soul, …).

En ces temps où la majorité visible du rap n’est plus qu’une caricature, le retour d’Hocus Pocus apparaît donc comme une excellente nouvelle qui nous rappelle que le hip hop est né d’un esprit positif, festif. Ce leitmotiv est aussi souvent entendu qu’oublié. Je viens appuyer le discours du groupe et je vous invite à les voir sur scène, c’est là que Hocus Pocus prend tout son sens.

Hocus Pocus « Beautiful Losers (acoustique) » sur Canal Street

Tu peux découvrir l’album sur Deezer ou sur Spotify.

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