Le show commence par un sympathique mise en bouche : Scratch, beatboxeur de talent et membre du Legendary Roots Crew, s’est allié à Supernatural pour livré une belle prestation hip hop. En plus d’être un excellent freestyleur, Supernatural a fait son Arie Spears en nous interprétant quelques imitations de rappeurs (Busta, Notorious entre autre).
The Pharcyde a enchainé en démarrant fort sa prestation par un Runnin’ flamboyant. Je dois avouer que c’est sûrement la chanson qui m’a le plus touché. Elle représente tellement un esprit hip hop qui me plaît. Ce n’est pas tant le texte mais il y a dans la prod de Jay Dee et dans le flow des rappeurs un petit quelque chose inexplicable qui fait de cette chanson, un summum du hip hop. Malheureusement, The Pharcyde ne rayonne pas autant en France qu’aux US et leur activité assez muette dernièrement n’a pas emballé la salle comme je l’aurai souhaité. Tant pis, j’ai eu quelques morceaux de Labcabincalifornia (dont Runnin’), Passin me by et quelques autres sons sympas, j’étais ravi.
Le relais est passé pour une autre légende du hip hop, De La Soul. Le groupe (pas tout jeune non plus) a littéralement renversé le Zénith. Ils ont un tel savoir faire de la scène, une telle complicité avec le public qu’ils nous ont régalé. Hormis un petit problème de micro (qui a d’ailleurs fait pété un cable au DJ, Pasemaster Mase), l’échange avec le public fut grand. La discographie colossale de De La Soul a aussi aidé cette communion. « Me Myself And I » et « Ooh ooh » m’ont bien fait plaisir. Ils ont été les plus grands de la soirée, à mes yeux.
Mos Def récupère le mic pour une leçon de MC. En vrai « Master of Ceremony », Mighty Mos Def a parfaitement rempli ce rôle en proposant une prestation plus proche du rappeur-toasteur-animateur de soirées que du show hip hop habituel. C’est d’ailleurs ce qui m’a le plus bluffé. Mos ne lache jamais le mic, il rappe sans cesse, chante, slamme … il n’y a pas de pause dans sa performance. Il a envouté le Zénith par son charisme impressionnant. On a même eu la chance de découvrir quelques pépites du futur album, « Ecstatic » (prévu pour début 2009) ainsi qu’un petit set reggae avec « Aux armes et cetera » de Gainsbourg.
Avant l’arrivée de Nas, Scratch et Supernatural sont revenus chauffer un peu la salle (au cas où elle n’était pas assez bouillante). Et on a eu le droit à un deuxième leçon mais de freestyle cette fois-ci. Supernatural invitait les gens à lui tendre des objets afin qu’il rappe sur l’objet proposé. Pendant 10 minutes, il n’a pas arreté. La foule était sciée. Congratulations, man !
Après une trop longue attente, Nas déboule enfin sur scène. L’auteur d’Illmatic a livré une superbe prestation (bien que trop courte … une petite heure). Il a préféré une visite rapide mais complète de son répertoire plutôt qu’à l’interprétation entière de quelques morceaux. Tant mieux, on a eu le droit à au moins 20, 25 titres de lui dont tous les plus grands classiques d’Illmatic à Untitled, sorti récemment. Les punchlines dont il a le secret sont lachées (« I never sleep ’cause sleep is a cause of death », « my first album has no famous guests appareances, the outcome, I’m crown to best lyricist » etc). Il a également profité de la victoire d’Obama pour interpréter « Black President ». La prestation fut géniale.
Avec les oreilles pleines de basses et de punchlines en pagaille, je suis parti me coucher bien heureux. Vivement le prochain concert hip hop monumental ? Oui oui, c’est le 20 novembre !
Je vous ai mijoté une petite playlist en souvenir de la soirée récapitulant également mon éducation hip hopienne.
Par ailleurs, Akram sur son blog, All I Need is One Mic, propose un imposant descriptif de la soirée. Je vous le recommande.